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Un soutien insuffisant …

Nina Julié, Florence Rolland Cynthia Jan Emmanuel Bérart Loïc Basset-Creugnet

Visite du ministre des Outre-mer en Nouvelle-Calédonie : Un soutien insuffisant face à l’urgence des communes

La visite du ministre des Outre-mer en Nouvelle-Calédonie, attendue comme un signal fort après le coup d’État du 13 mai, a déçu les attentes, en particulier celles des communes gravement touchées. Avec des destructions estimées à plus de 250 milliards de francs CFP, entre 20 000 et 30 000 personnes qui ont perdu leur emploi et plus de 750 entreprises touchées, la Nouvelle-Calédonie n’a jamais été aussi dépendante du soutien de la France. Ce contexte a accentué les attentes envers l’État, et notamment les collectivités locales, aujourd’hui exsangue. Des annonces financières insuffisantes pour éviter la cessation de paiement des communes Aucune mention n’a été faite concernant une augmentation de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) de l’État pour 2025, afin de compenser la chute des recettes fiscales reversées aux communes par la Nouvelle-Calédonie. À ce jour, de nombreuses communes, telles que La Foa, ne peuvent plus faire face à leurs obligations salariales et certaines ont déjà dû négocier une baisse des salaires. Sans une aide d’urgence, d’ici décembre, de nombreuses communes ne pourront plus verser les salaires de leurs employés. Le risque de ne pas pouvoir voter un budget 2025 en équilibre est désormais réel, ce qui pourrait conduire à une mise sous tutelle par l’État pour les communes incapables d’ajuster leurs finances. C’est le cas par exemple de la commune de Nouméa. Aucune visibilité pour la reconstruction Le ministre a indiqué que l’État participerait à la reconstruction des infrastructures publiques, mais sans fournir de précisions sur les montants ni sur les modalités de financement. Seule la prise en charge à 100 % de la reconstruction des écoles est confirmée, conformément à l’annonce faite par le Président de la République le 24 mai. Toutefois, encore faut-il que les communes disposent des fonds nécessaires pour engager ces travaux. Concernant le secteur privé, l’absence de position claire de l’État sur la question des assurances met les communes dans une situation difficile vis-à-vis des entreprises incendiées, aujourd’hui insalubres. Ces entreprises sont désormais incapables de financer la démolition ou la sécurisation des sites endommagés. Face à la mauvaise volonté manifeste des assurances à indemniser les entreprises sinistrées, c’est l’État qui doit venir à la rescousse de ces dernières. On ne peut pas traiter de la même manière une multinationale, un grand groupe, ou une petite entreprise artisanale. Nous demandons à l’État d’aider les entreprises qui n’en ont pas les moyens, en prenant en charge les frais de démolition au cas par cas, dans l’attente que les assurances assument leurs responsabilités. Le député Nicolas Metzdorf interviendra en ce sens à Paris auprès des ministres concernés. Aucune garantie sur la sécurité Sur la question de la sécurité, autre préoccupation majeure des Calédoniens, aucune annonce concrète n’a été faite concernant le nombre d’escadrons de gendarmerie qui resteront en Nouvelle-Calédonie ni la durée de leur présence. Or, l’ordre n’est toujours pas rétabli, notamment dans la commune du Mont-Dore et sur la route de Saint-Louis où les automobilistes risquent leur vie tous les jours. À ce jour, aucun engagement ferme n’a été pris pour sécuriser la route ni à court terme ni à long terme. Des élus inquiets et insatisfaits Les annonces du ministre, bien en deçà des attentes, ont conduit nos élus à exprimer leur insatisfaction au Premier ministre. Le Produit Intérieur Brut (PIB) de la Nouvelle-Calédonie pourrait chuter de 25 %, et seule une injection massive de fonds publics pourra éviter l’effondrement économique de notre territoire. Le ministre, en fonction depuis seulement trois semaines, s’est engagé à « faire plus ». Si nous saluons cette ouverture, il est maintenant impératif que l’État aille au-delà des promesses et des paroles. La situation nécessite des actions fortes et concrètes pour soutenir durablement les communes. Il est crucial que les communes puissent à nouveau se projeter et retrouver confiance en l’avenir. La reconstruction de la Nouvelle-Calédonie doit être une priorité absolue, et cela passe par un engagement fort, tant sur le plan sécuritaire qu’économique. Nous restons mobilisés et vigilants quant aux décisions du gouvernement et continuerons à porter la voix des Calédoniens pour obtenir des réponses à la hauteur de la gravité de la situation. Nina Julié, Florence Rolland Cynthia Jan Emmanuel Bérart Loïc Basset-Creugnet

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